C'est bon les potions ?

Le temps était un peu maussade aujourd'hui. De la grisaille mais pas de pluie. Des nuages par milliers au dessus de nos têtes. Hyde les observait attentivement alors qu'aucun d'eux ne bougeait. Il n'y avait pas de vent mais les températures étaient fraîches. En plus il se trouvait au milieu de la rue et gênait le passage. Il aurait pu se faire bousculer de nombreuses fois et pourtant, il restait dans cette position, les yeux levés. Peut être attendait il quelque chose ou bien c'était simplement parce qu'il était perdu dans ses pensées.

A quoi pensait-il? S'il existait un objet magique qui pouvait lire dans les pensées, il aurait pu y découvrir le chaos qui inondait l'esprit du jeune homme. Il était en train de donner une forme à chaque nuage qu'il voyait. Un cheval avec des oreilles de lapin, un homme avec des jambes à la place des bras... Tout un tas de chose sans queue ni tête. Et son regard était vide comme si son esprit avait déjà quitté cette planète.

Puis d'un seul coup, quelqu'un le heurta au niveau de la tête avec un caisson. Un homme était en train de transporter de la marchandise et n'avait pas vu notre homme poteau en plein milieu de la rue. Notre loup garou se ramassa par terre, telle une carpette. Il n'avait même pas hurlé de douleur, il était simplement resté là, face au sol et ne se leva même pas.

"Excusez moi ! Je ne vous avais pas vu... Monsieur ? Vous m'entendez ?"

Le responsable de l'accident vérifia que Hyde était encore vivant. Il le tourna donc sur le côté pour avoir le visage face au ciel et découvrit que la victime s'était évanouit. Prit de panique, le monsieur toucha derrière la tête du jeune homme pour voir s'il y avait du sang. Et il n'y avait aucune tache fort heureusement. D'autres passants s'étaient arrêtés pour essayer de comprendre la scène. Mais tout ça rendait le spectacle encore plus stressant pour ce pauvre homme qui faisait simplement son boulot.

Alors qu'il était sur le point de faire appel à un médecin ou à emmener le corps autres part, la belle aux bois dormant donna un signe de vie en reniflant l'air intensément. Son nez avait repéré une bonne odeur. Hyde ouvrit tout à coup les yeux comme s'il avait repéré une cible et le monsieur à ses côtés sursauta de peur.

"Ah ! Vous allez mi..."

Même pas le temps de finir sa phrase que le canidé se faufila rapidement entre les gens pour se rapprocher d'une mystérieuse boutique. Au moins cela rassura le monsieur qui repartit le cœur serein. Alors que le loup garou se rapprochait dangereusement de sa proie, tel un fauve sur le point de bondir, le regard sauvage et la bouche remplit de bave, il s'arrêta net tout à coup. Une autre odeur venait de le déstabiliser. Ce n'était ni agréable, ni une odeur repoussante, juste curieuse, qu'il ne connaissait pas.

Notre chasseur de prime était habillé avec élégance comme à son habitude. Une veste noire avec des boutons de couleurs rouge, un pantalon noir, des bottes marrons et des gants blancs. Il ne portait pas de chapeau aujourd'hui. Quelques passants avait prit peur en voyant cet homme au regard sauvage et la voie était donc dégagée. Et maintenant, il avait reprit son calme et une expression plus monotone, voire intriguée. Il snifa une nouvelle fois l'air pour détecter d'où venait cette odeur. Puis il se laissa guider par elle et petit à petit il se rapprocha de cette mystérieuse boutique aux multiples odeurs.

Il arriva devant la porte de la boutique. Il n'osa pas entrer dans un premier temps. Il préféra observer à travers la vitre. Il y avait quelqu'un à l'intérieur, surement la propriétaire. Il n'y avait pas de tables comme dans un restaurant. Sur le coup, il fut déçu, lui qui adorait faire le tour de tous les bons coins où se remplir le ventre. Et comme un enfant, il colle son visage à la vitre. De l'autre côté la scène devait être terriblement comique ou gênante selon le point de vu. Sa joue était plaquée contre la paroi et sa bouche déformée. Mais qu'est ce qu'il avait dedans?

Au même moment, il se rendit comte d'une petite douleur derrière la tête. Une petite bosse s'était formée. Il ne se rappela même plus de comment c'était arrivé...

18/05/2020

Une journée calme. Quelques clients ayant acheté, quelques curieux qui peuvent éventuellement apporter de vrai client. Elle avait même réussi à se maîtriser et ne pas insulter ou rabaisser un client sans le vouloir. Une bonne journée en somme.

Son regard se posa sur le chat coucher dans son coin s’étirant de temps en temps et allant bouffer derrière l’étagère ou se trouvait son lit. Au moins, il ne faisait pas de connerie. N’avait encore rien détruit… À croire que ce chat était l’ancien propriétaire transformé en chat. Le chat regarda l’Elfe avec son air détaché en n’ayant rien à battre d’elle tant qu’elle lui donnait de la bouffe et de temps en temps une grattouille. Elle soupira en tournant le dos à son colocataire. Heureusement qu’il maintenait l’endroit propre à sa façon en chassant la vermine… S’il pouvait faire pareil avec les pouilleux. Azelle ne pouvait quand même ne pas lui demander la lune c’était un chat après tout.

Azelle frotta ses mains ensemble, l’air frais entrait par le bas de sa porte. Il faudra qu’elle fasse quelque chose pour ça, cet hiver elle allait souffrir du froid. Son regard se leva pour regarder vers l’extérieur et elle lâcha un cri de surprise. Posant sa main sur sa bouche pour faire cesser son propre cri, elle plissa les yeux pour voir le machin qui était collé à sa vitre. Quelle était cette chose qui osait coller sa joue sur sa vitre propre? Quel manque total de civisme. Odieux personnage…

Une petite flamme de colère naquit en Azelle grognant faiblement et attrapant un chiffon dans ses mains. Non, mais ! C’est quoi cet énergumène ? Il était mieux d’avoir une bonne raison, sinon elle lui ferait bien laver les vitres et le plancher. Avec son propre manteau s’il le fallait.

Par habitude, sortant derrière son comptoir, elle passa rapidement ses mains sur son tablier couvrant sa robe longue pour enlever quelques plis. En plus, c’était une journée ou elle ne comptait pas sortir et avait donc mis une belle robe simple pour servir proprement ses clients. Elle rageait déjà. Le bout de ses oreilles prenait lentement une teinte rosée avec le sang qui bouillait en elle.

D’un pas déterminer, elle ouvrit la porte de son commerce pour tomber nez à nez avec l’étrange personnage qui avait collé sa figure idiote dans la vitre.

« Pourrais-je savoir ce que vous faites là? N’avez-vous pas honte de coller votre figure sale dans ma vitre propre? N’avez-vous donc pas appris les bonnes manières dans votre vie ou était-ce trop demandé? Je peux comprendre que des gens puissent dire qu’on fait du lèche-vitrine, mais ce n’est pas au sens littéral, monsieur. Je vous demanderai donc de vous décoller de ma vitre et bien vouloir vous montrer légèrement plus civiliser et de nettoyer les traces immondes. C’est totalement inacceptable ».

Plus elle parlait, plus ses oreilles prenaient une teinte écarlate au point ou même son visage prit une légère teinte. Son regard de cristal tentait d’entrer en l’homme pour le transpercer et le heurter comme un iceberg.

Il serait peut-être judicieux pour elle de suivre des cours de la gestion de la colère? Mais pour l’homme il était trop tard, si elle avait pu, elle aurait probablement déchaîné la foudre sur lui alors qu’il ne méritait pas autant de haine.

Azelle lui mit le chiffon de force dans les mains, tourna les talons et ouvrit la porte de son magasin.

« Quand vous aurez terminé, rapportez-moi mon chiffon. Ne soyez pas un voleur en plus d’un malpoli »

L’elfe ferma la porte derrière elle en lui jetant un dernier regard accusateur. Le pauvre chat n’ayant rien demandé à personne regarda la femme d’un air à lui demander quel était son problème, s’il avait pu parler, il l’aurait probablement traitée de folle. Elle l’aurait sans doute mérité.

« Non, mais, je vous jure... »

Elle grogna tout bas secouant la tête, tentant de se calmer. Elle se replaça les cheveux machinalement et se demanda tout d’un coup si elle n’avait peut-être pas exagéré un peu...

Son visage tranquillement collé contre la vitre de ce mystérieux magasin, Hyde ne s'attendait pas à voir débarquer la propriétaire d'un seul coup. Au vu du bruit que la porte avait fait, c'était clairement un mouvement puissant et rapide, avec la ferme intention de "tuer"? non quelque chose de plus doux quand même... D'ailleurs c'était une magnifique elfe mais au regard emplit de colère. Pour une raison qu'il ignorait encore, le jeune homme se décolla de la vitre et l'écouta attentivement. Comme un enfant qui avait fait une bêtise, il hocha plusieurs fois de la tête, patiemment jusqu'à qu'elle lui donne un torchon. Un torchon? Mais pour quoi faire ?

Il fit le lient entre cet objet et la vitre ainsi que les explications. Le loup garou baissa ses yeux pour observer ce torchon. Et le temps qu'il reporte son attention sur l'elfe, elle était déjà entrer dans la boutique. Il n'eut même pas le temps de placer un seul mot... Elle était vraiment en colère. Hyde n'était pas beaucoup impacter par les émotions des gens en général. Le ton qu'elle avait employé n'allait donc pas accélérer les choses avec lui. Mais il savait qu'il devait quand même réparer sa "bêtise". Malgré son air bêta, c'était quelqu'un de responsable avec une fâcheuse tendance à avoir la tête en l'air.

Il était donc sur le point de laver cette vitre quand il repéra du coin de l’œil une silhouette familière. Il reconnu l'homme de tout à l'heure qui l'avait heurté avec une caisse. Au même moment, la bosse sur la tête lui piqua un peu. Cela lui rappela qu'il devait s'excuser. Il s'était retrouvé au milieu de la rue, gênant ainsi le passage. Comme s'il y avait un décalage horaire dans sa tête, tout lui revint à l'esprit alors qu'il avait oublié cette scène il y a une minute.
Le civil se retourna donc vers le monsieur, oubliant ainsi la vitre et leva sa main en l'air, celle qui tenait le torchon. Un sourire aux lèvres. On aurait dit une femme qui n'avait pas vu son mari depuis 10 ans.

"Hey ! Monsieur !"

Quand la personne concernée capta l'appel et se rendit compte que c'était sa victime de tout à l'heure, il eut qu'une seule envie. C'était de partir à toute vitesse pour fuir les problèmes. Hyde dégageait cette aura de malaise qui attirait tout le mal du monde sur ses épaules. Le monsieur s'éloigna donc rapidement sans laisser ses restes. Le jeune homme ne le rattrapa pas mais ne savait pas pourquoi il était si pressé. Une envie d'aller aux toilettes peut être ?

En tout cas, il était trop tard pour s'excuser. Et sur le coup, il ne savait plus ce qu'il était en train de faire. Il observa donc tout autour de lui. A cause du temps grisâtre, il y avait moins de monde à l'extérieur. Puis il reporta son attention sur le torchon beige. C'était le sien? Allait il partir avec ? L'air de rien, il posa sa main libre sur sa tête, là où se trouvait sa bosse. Une caisse ça fait mal après tout... Et quand il se tourna à nouveau, la vision de cette mystérieuse boutique lui rappela ce qu'il devait faire. D'ailleurs, il snifa l'air pour se délecter de ces odeurs inconnues venant de cette boutique. Il fallait vraiment voir à l'intérieur. Mais il avait une mission avant !

Il se retrouva de nouveau nez à nez avec cette fameuse vitre. Il avala difficilement sa salive. Par où commencer se demanda-t-il. Laver une vitre, c'était vraiment difficile, il n'avait pas l'habitude. Décapiter quelqu'un était beaucoup plus facile pour lui. Il leva doucement le torchon, d'une main tremblotante et le regard hésitant. Le tissu était sur le point d'entrer en contact avec la vitre quand quelque chose d'autre attira son regard. A travers la vitre, Hyde repéra un chat, se reposant tranquillement dans le coin de la boutique.

C'était "LA CHOSE" qu'il ne devait pas voir. Bien que ça ne soit pas un objet... Bref... Il perdit toute motivation pour laver cette vitre. Il préféra ouvrir lentement la porte d'entrée et se faufila à l'intérieur. Il déposa délicatement le torchon sur un meuble et leva ses deux mains au niveau de son visage. tous ses doigts étaient pointés vers le chat. A ce moment là, l'animal pouvait sentir cette aura obscure et malaisante. Il devait avoir tous ses poils hérissés. Hyde avait en plus ce regard plein d'étoiles, comme toujours lorsqu'il trouvait quelque chose d'intéressant. Il en oublia même que la proprio était là.

Son cœur battait plus vite, comme s'il se préparait à un effort extrême. Et il accéléra d'un seul coup en direction du chat. Malheureusement pour lui, son pied heurta un meuble où était posé une potion. A cause du choc, celle-ci commença à chuter dans le vide. L'espace d'un instant, le regard de Hyde était devenu sérieux. Il devait à tout prix la rattraper. Il ne pouvait pas se permettre de rembourser cette casse. Ses économies étaient tellement ridicules... Il fit donc volt face et l'attrapa du bout des doigts après un mouvement aussi agile qu'un félin. Il pouvait entrer en compétition avec l'autre chat qui s'était peut être déjà échappé.

"Ouf..."

Il resserra sa main qui détenait la potion pour ne surtout pas la lacher. De l'autre geste de la main il s'essuya le front de soulagement. Mais il n'était pas au bout de ses peines... Devant ce spectacle, l'elfe avait sans doute le sang qui sortait de ses oreilles maintenant...

18/05/2020

Prenant une grande respiration pour reprendre son calme, elle se massa les tempes avec deux doigts. Qui était ce malotru ? Sur le coup, il ne semblait pas être bien méchant, il n’avait même pas répliqué à l’agression verbale. Que devait-elle faire? S’excuser ? Et quoi encore, être gentille avec cet homme ? Elle se sentit légèrement mal, elle pouvait très bien la nettoyer seule et pas faire faire ses sales besognes. Elle le faisait bien tous les jours, alors une fois de plus ou de moins n’aurait rien changé.

Elle se tourna vers la fenêtre prêtre à lever la punition… Son corps entier se figea. Où était-il parti? La bouche ouverte, l’air étonné et le bout des oreilles reprirent une teinte rosée. Comment avait-elle pu croire une seule seconde que ce n’était pas un bon à rien ? Ne pas faire confiance, ses parents avaient sûrement raison! Si seulement elle avait écouté sa mère, elle aurait pu ouvrir juste une petite boutique parmi les siens. Rien de tout cela ne serait arrivé et elle coulerait des jours calmes et paisibles sans personnage étrange se colla le minois dans sa vitre.

« Sérieusement... »

Souffla-t-elle à elle même, s’appuyant le bas du dos contre son comptoir. Azelle fit un long soupir alors qu’une mèche de cheveux tomba sur son visage. Il avait osé partir avec son chiffon, les gens font vraiment n’importe quoi de nos jours. Elle lui avait pourtant demandé de ne pas fuir avec, pas de la façon la plus courtoise, mais tout de même de façon claire. Elle regarda, un bref instant, le bout de ses pieds. Elle n’allait quand même pas se démoraliser pour un être avec si peu d’importance… Il valait peut-être mieux fermé pour la journée? Au minimum, pour ne pas se venger sur le prochain passant ou pour ne pas sortir de son magasin, fouet à la main pour lui courir après et lui apprendre les bonnes manières. Ça ne ferait sans doute pas une très bonne publicité.

Se donnant un petit élan vers l’avant pour se redresser, elle s’avança lentement vers sa vitrine regardant vaguement le sol et aux alentours. Se concentrant sur sa respiration pour reprendre son calme. Son regard se relevant lentement. Que ne fut-il pas sa surprise de voir l’homme qui était revenu et tentait maladroitement de laver la vitre ? Tenter est le bon mot, car jamais le chiffon ne sembla toucher la vitre. Au moins, il y avait une intention, dirions-nous ? Était-il assez simple d’esprit pour ne pas savoir laver une vitre? Grimaçant derrière la vitre à le voir agir, son regard suivit celui de l’homme étrange, son regard bifurqua vers… le chat?

Azelle l’observa entrer et agir comme un enfant devant le chat. Le chat justement qui ne semblait avoir aucune confiance en l’homme bizarre devant lui et s’écrasait pour rester le plus loin de l’homme protestant d’un grognement l’approche. Quand l’homme accéléra, le chat ne demanda pas son reste et se faufila derrière l’étagère ou se trouvait le lit de la Haute Elfe.

La marchande observait l’homme, figer d’horreur. Rien à voir avec l’aura malfaisante de l’homme, mais des pitreries de l’homme, coucher au sol, une potion entre les doigts. Elle n’en croyait pas ses yeux. La bouche semi-ouverte, elle le regardait incapable de réagir ou de même comprendre ce qu’il se passait. Devait-elle se mettre en colère, hurler ou l’insulter? Le sortir de chez elle à coup de fouet ou de balai? Tout s’était passé si vite...

Tout se bousculait dans son esprit et elle ne faisait que l’observer avec de l’incompréhension dans le regard. Elle tentait de trouver quelque chose de logique là-dedans. Rien ne lui vint. La potion était intacte, pour le moment, c’était déjà ça de gagner en faveur de l’homme.

Sans quitter l’homme des yeux, obnubilés par cette chose qui était entrée dans son magasin, attrapant son chiffon du bout des doigts pour le récupérer. Elle était toujours en réflexion de ce qu’elle devait pensée de tout ça. Une envie de lui montrer comment nettoyer la vitre osa lui traverser l’esprit. Cependant, entrer en contact avec lui lui parut immédiatement une mauvaise idée. La seconde chose se fut de lui demandé ce qu’il voulait, mais honnêtement, elle n’avait pas tellement envie d’entendre la raison. S’il en avait une, à part celle de faire du mal au chat ou peut-être pire.

Puis, doucement, le bruit de ses pas coupa le silence. Avançant lentement, elle prit délicatement des mains de l’homme la potion et la posa à sa place d’origine, la poussa légèrement vers le fond du meuble pour éviter qu’elle retombe. C’était manifestement la confusion que l’homme créait chez elle qui l’empêchait d’être folle de rage.

Debout face à l’homme, qui imitait un tapis d’entrée sur son sol, elle continua de l’observer dans un silence peut-être pire que le cri. Finalement, décontenancée, elle brisa son silence.

« Est-ce que vous allez bien…? »

C’était complètement stupide comme phrase. Depuis quand se préoccupait-elle vraiment des gens? Dans le pire des cas, elle pourrait accuser la panique ou bien la confusion. Cette phrase avait tout de même un double sens. Demandait-elle si physiquement ou psychologiquement il allait bien? Le sens resterait peut-être un secret jusqu’à sa tombe. De plus, elle n’allait quand même pas lui tendre la main pour l’aider à se relever, elle était perplexe, mais pas tomber sur la tête.

« Je… je peux savoir pourquoi vous avez collé votre figure dans ma vitrine? Ça ne se fait pas. Vous m’avez fait une frayeur et une deuxième avec la potion… Si vous vouliez tester mon coeur, c’est bon, vous avez réussi... »

Sa voix était étrangement faible et calme. Pour le moment, elle se maitrisait presque, mais c’était peut-être l’oeil de la tornade.

Hyde avait rattrapé la potion de justesse. Il fut tellement soulagé, qu'il préféra ne pas bouger le temps de reprendre ses esprits. Pendant ce temps, l'elfe s'était rapproché pour prendre la potion et la remettre à sa place d'origine. L'ancien soldat se redresse pour se tenir bien droit. Il hocha simplement de la tête lorsqu'elle lui demande s'il allait bien. Il aurait bien voulu lui répondre mais lorsqu'il avait croisé son regard, il se sentit comme attiré dans un maelstrom. Il avait sentit cette abysse qui l'attirait vers les ténèbres si jamais il faisait quelque chose de trop. Il pouvait simplement répondre "oui" ou "je vais bien", cela n'aurait en rien envenimé les choses... Et pourtant, la proprio était resté calme. Du moins en apparence...

"Je... mmmh..."

Son regard se déplaça légèrement pour observer derrière l'elfe. Le chat s'était caché depuis, il n'était plus dans son champ de vision. Un peu déçu, l'expression de son visage s'était légèrement attristé. Puis il reporta son attention sur elle lorsqu'elle lui posa quelques questions. En y repensant de plus près, il imagina la scène du passé comme s'il la voyait du ciel. Il voyait donc un homme, visage collé contre la vitre du magasin. Il trouva la scène amusante et rigola intérieurement. En fait, il était sur le point de sourire mais lorsqu'il croisa à nouveau le regard intense de cette elfe, il déglutit et préféra ne pas sourire.

"Ce n'était pas mon intention. J'ai sentit une bonne odeur. Ou plutot... Une odeur que je ne connaissais pas." Son ventre se mit à gargouiller légèrement.
"J'ai envie de manger quelque chose et j'ai cru que c'était un restaurant. J'ai voulu vérifier à l'intérieur." Dit il en se tenant le ventre.

Le loup garou arriva à afficher un sourire gêné. Il ne mentait pas mais c'était peut être une excuse bidon pour l'elfe. Elle n'allait tout de même pas l'agresser ? A cette pensée, il recula d'un pas tout en restant face à elle. Il devait trouver une manière de partir d'ici sans se prendre le courroux de cette elfe. Comment faire? Il chercha donc du regard quelque chose qui pouvait l'aider. Apparemment il se trouvait dans une espèce de boutique. Il y avait beaucoup de flacons et d'autres objets dont il ne savait pas ce que c'était. Puis une réponse lui coula de source. Prenant son courage à deux mains, il se défendit de cette façon :

"Est ce qu'il y aurait une potion avec un bon gout?"

Ses lèvres étaient un peu crispées. D'habitude très enjoué, il savait qu'il ne devait pas réveiller la colère qui dormait au fond de la personne en face de lui. Par contre, sa demande pouvait être aussi mal interprété. Après tout, ce n'était pas un endroit juste pour déguster des potions. Elle pourrait mal le prendre. En tout cas, il continua dans sa lancée et pointa une potion sur une étagère.

"Celle là à l'air délicieuse. J'adore sa couleur rouge."

Il se la jouait client mais était ce assez crédible? D'ailleurs il remarqua le torchon de tout à l'heure qui était maintenant en possession de l'elfe. A ce moment là il se rendit compte qu'il n'avait même pas effectuer sa tache principale. Il avala difficilement sa salive. Il allait peut être passer un sale quart d'heure... Il devait donc à tout prix rester sur cette potion.

"Je vous l'achète si c'est le cas. Combien coûte-t-elle?"

Adieu ses économies... Lui qui était si pauvre malgré ses beaux vêtements. Il aurait préféré mettre son argent dans un bon gros poulet grillé. Tant pis... Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui. Puis peut être que cette potion ne coûtait pas grand chose et qu'elle avait vraiment un bon gout.
Par contre, il n'avait pas oublié le chat. Il devait se munir d'encore plus de courage pour ce qu'il allait demander. Il osa une nouvelle fois croiser le regard de la proprio. Puis quand même un peu gêné, il prononça cette phrase plus doucement :

"J'ai vu un chat aussi... Et il était tellement... mignon... Je voudrais le caresser..."

Il chercha à nouveau du regard le chat. Il ne pouvait pas s'avancer plus avant dans l'échoppe au risque de passer à travers l'elfe. Il n'allait pas oser la bousculer ou passer en force. Mais en parlant du chat, son esprit s'éveilla à nouveau en direction de la liberté d'expression. Sa peur venait de disparaître pour laisser son esprit se remplir de gaieté. Il s'avança donc vers l'elfe et posa une main sur son épaule pour attirer son attention. Le regard emplit d'étoiles à nouveau, il n'hésita pas à lui poser cette question :

"Puis je le caresser ? S'il vous plait."

18/05/2020

Son regard tomba dans celui de l’homme, le fixant droit dans les yeux. Un sentiment de malaise monta en elle. Quelque chose de malsain, il dégageait quelque chose de bizarre et pas du tout rassurant malgré son air simplet. Elle n’aimait pas ce sentiment, pourtant s’il était une mauvaise personne, il l’aurait déjà montré, n’est-ce pas?

Par instinct, elle recula d’un pas par pudeur ou par crainte subite de l’homme, certainement un mélange des deux. Azelle ne lui faisait manifestement pas confiance, ses pitreries n’ayant pas aidé, mais il y avait autre chose. Même le chat semblait l’avoir senti, lui qui, même devant les enfants, ne fuyait pas.

« Une odeur? ... »

Chuchota-t-elle. Pourtant ses potions ne sentaient rien... Elle ne sentait rien pour sa part. Comment pouvait-il avoir senti l’odeur de l’extérieur provenant de sa boutique ? Il ne pouvait pas être humain ou ce n’était qu’une stupide excuse ne trouvant rien de plus crédible.

« Non désolé, je n’ai pas de nourriture, je vends des potions et des objets magiques... »

Elle ne comprenait pas comment il avait pu confondre sa boutique avec un restaurant, n’importe qui pouvait sentir la douce odeur d’un restaurant. Ça n’avait pas du tout la même odeur que sa boutique… Sa boutique n'avait pas d'odeur particulière, à son nez, tout du moins. Puis, pourquoi n’avait-il pas simplement lu la pancarte?! Il valait sans doute mieux ne pas poser de questions, pour ne pas avoir de menteries.

Même devant le sourire gêné de l’homme, elle ne put que lui afficher un regard froid et sans compassion. Une petite lueur d’incompréhension luisait et un soupçon de jugement, mais il n'y avait aucun sentiment bienfaiteur.

La question de l’homme sur le goût des potions la perturba. Devait-elle vraiment répondre à cette stupide question? Était-il vraiment sérieux? Du peu qu’elle avait eu de cet homme, devait-elle encore se poser des questions ? Quelques choses lui disaient qu’il lui en ferait voir de toutes les couleurs. Il était peut-être juste simple d’esprit? Sans réfléchir, Azelle se massa les tempes avec son pouce et son index avant de lui répondre.

« On n’achète pas de potion pour leur goût, mais pour leurs effets... »

Au final, elle espérait que c’était une mauvaise blague, que tout ceci était orchestré pour voir si elle avait les nerfs assez forts pour supporter ce genre de cas. Une chose certaine : ces nerfs étaient en train d’imploser. Si elle avait été une femme violente, elle lui aurait sauté dessus pour le secouer comme un prunier, mais ce n’était pas le cas.

L’envie de lui conseiller un laxatif lui vint pendant un instant, heureusement pour lui, elle n’en avait pas. Ça n'aurait été que pure méchanceté et elle ne souhaitait pas de mal à qui que ce soit, même pas à lui. Juste qu’il dégage. Tournant lentement les yeux dans la direction que pointait l'homme, elle regarda la potion, étouffant un soupir pour ne pas être impoli. Essayait-il de se rattraper?

Azelle se mordit le coin inférieur de la lèvre pour se maîtriser. Cet homme était soit le plus chanceux des malchanceux ou totalement aléatoire et chaotique. Elle n’avait pas envie de lui dire, mais elle n’allait quand même pas mentir en plus. Ce ne serait pas du tout honorable.

« Cette potion permet de parler aux animaux pendant un court laps de temps… Elle vaut 50 éclats. »

Au fond d’elle, elle se demandait si elle n’allait pas regretter amèrement de lui avoir dit. Il pourrait très bien la surprendre, mais vu son étrange obsession pour le chat, elle doutait un peu.

Quand il recommença sur le chat, elle dut se remordre la lèvre pour ne pas lui mentir. Ce n’était pas bien, même avec les êtres d’une intelligence inférieure. Il ne méritait pas des mensonges du style : qu’elle n’avait pas idée de quel chat il voulait parler. Ça aurait peut-être pu fonctionner, mais sait-on jamais. Une lueur d’intelligence pourrait surgir. Tenter de lui changer les idées de cette potion était pour le moment son objectif. Elle n’avait clairement pas envie qu’il ait une discussion avec le chat. Ce chat la voyait dans son intimité et elle tenait bien que ça reste entre eux.

« Le chat s’est caché là où est situé le peu d’intimité que je possède. Je tiens que ça reste ainsi. Si le chat sort de sa cachette, arrangez-vous avec lui. Je n’ai aucun contrôle sur cet être vivant. Il a sa volonté propre. »

L’elfe réussit tout de même à ne pas exprimer trop de dédain ou de paroles trop sanglantes qui auraient pu le vexer. Elle ne savait pas s’il respecterait son intimité aussi bien qu’il nettoie les vitres, mais l’espoir c’était pas mal tout ce qui lui restait dans les circonstances.

Ce fut à ce moment qu’elle sentit la main, son sang ne fit qu’un tour en elle. D’un mouvement totalement de réflexe, Azelle dégagea la main de son épaule du revers de la sienne. Elle recula d’un pas, puis fit le tour de l’îlot central pour contourner l’homme.

« Je… je vais aller nettoyer la vitre »

C’était totalement un prétexte. Comment osait-il poser la main sur elle? Avait-il voulu la draguer? Si c’était le cas, il était loin d’être un Don Juan. Jusqu’à quel point oserait-il entrer dans son intimité?

D'un point de vu extérieur, on aurait dit qu'une maman expliquait à son enfant comment fonctionnait le monde. C'était presque ça, à la différence que c'était deux inconnus, deux adultes et que l'objet de leur conversation était assez banal dans la vie. Alors pourquoi Hyde en savait si peu à ce sujet? En vérité, il savait ce que c'était mais il n'avait pas eu beaucoup d'occasion d'en boire. En fait, il a surtout été traumatisé par une concoction qui lui a fait beaucoup de mal. D'une certaine manière, c'était aussi un remède contre le mal qui l'habitait. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas bu et espérait que cela n'arriverait plus jamais.

Le problème actuel, c'était surtout que c'était son ventre qui parlait à la place de sa tête. Alors son vocabulaire était surtout orienté vers la faim. L'elfe ne devait rien comprendre à la situation et comme la plupart des gens, le prendre pour un fou. Il avait l'habitude et était détaché de l'avis des gens désormais. Par contre, il fut surprit que la proprio le suive dans sa réflexion. Elle lui avait répondu d'une manière très professionnelle. La potion avait donc un effet particulier. Parler aux animaux ? Il trouva l'idée très intéressante mais lorsqu'il entendit son prix, son visage se crispa.

"Cinq...Cinquante éclats... ?"

Evidemment, il y avait de quoi y réfléchir. Il pouvait s'acheter au moins deux repas avec cette somme. De toute façon, c'était surtout le chat qui l’intéressait. Et l'elfe lui avoua même qu'il y avait bien un chat mais qu'il ne fallait pas aller vers l'arrière boutique où il se trouvait actuellement. C'était normal pour un client de ne pas y aller. Hyde n'allait pas le faire bien entendu. Il respectait les règles en générale, sauf s'il y avait une vie en jeu. Il parait souvent bête ou ridicule mais c'était sa façon à lui d'approcher les gens. Une façade? Trop simple d'esprit? Surtout parce qu'il s'est perdu lui même et que la notion de beaucoup de choses ont disparu, abaissant ainsi plusieurs barrières psychologiques. Un peu trop compliqué? Il fallait seulement retenir qu'il voyait le monde différemment ou le danger ou la peur était très amoindrit. Seuls les fous n'ont peur de rien mais il n'en était pas encore à ce point là.

Pour ne pas froisser l'elfe davantage, il profita qu'elle s'éloigne pour se rapprocher du comptoir, à la limite où un client pouvait aller. Il essaya de voir si le chat était quand même dans les parages. Il pu voir seulement la moitié de l'animal, la partie de derrière, un meuble bloquant la vue du reste. L'ancien soldat s'était un peu calmé. En vérité, l'elfe lui avait imposé le respect sans savoir pourquoi. Peut être que face à son calme, il y trouva une force qu'il avait envie de revoir un autre jour. Il ne fallait pas pousser les gens à bout, même s'il ne faisait pas exprès. Il était quand même conscient de certaine chose maladroite qu'il faisait.

"Petit chat. Je ne veux pas te faire du mal." Dit il en l'appelant à l'aide de petits mouvements de main.

Malheureusement, l'animal préféra rester dans son coin. C'était normal après tout, on ne pouvait pas changer la première impression en quelques secondes. Il devait abandonner pour aujourd'hui. Par contre, ce qui était sûr, c'était qu'il allait revenir une autre fois. Il se retourna donc et cette fois les places étaient inversées. L'elfe était dehors et lui à l'intérieur. Il pouvait la voir avec le fameux torchon et proche de la fenêtre. Il ne pu s’empêcher de sourire légèrement. En vérité, il se rendit qu'il devait vraiment le faire lui même. Surtout s'il voulait revenir ici un jour. Quoi de mieux qu'entretenir de bonnes relations ? Délaissant donc son envie "ultime" de voir ce chat, il quitta à son tour la boutique pour rejoindre la proprio. Une fois devant elle, il posa sa main sur le torchon sans lui retirer de force. Il voulait simplement lui signaler qu'il allait s'en charger.

"Je suis désolé. Je vais le faire. Je reviendrais un autre jour vous acheter une potion. Bien que pouvoir parler aux animaux ça doit être fantastique. Avez vous essayez de le faire ? Comment c'était ?"

Si jamais elle lui laissait le torchon, il allait simplement reproduire un geste circulaire pour laver la vitre. Peut être que ce n'était pas la meilleure manière de la nettoyer mais c'était déjà ça de sa part. Et si jamais elle ne voulait, il allait simplement rester là pour avoir une réponde sa part à ses questions. Il voulait vraiment connaitre son ressentit. C'était une expérience qu'il devra à tout prix découvrir dans un futur proche.

Malgré ce temps un peu grisâtre, un vrai client pénétra dans la boutique en lâchant un petit "Boujour" aux gens qui s'y trouvaient devant. Hyde répondu avec un "Bonjour" tout aussi silencieux. D'ailleurs, le loup garou allait profiter que la maîtresse des lieux allait s'occuper de ce client pour s’éclipser. Malheureusement, aucune présentation n'avait été faite entre les deux protagonistes mais entre un commerçant et un client, il y avait rarement un échange de nom. L'un vendait un produit et l'autre l'achetait ou pas et puis voila.

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Le lendemain soir, vers 23h. Une silhouette courrait à travers la nuit. Elle était poursuivit par plusieurs personnes. La rue était celle où se trouvait un petit magasin de potions. La silhouette réussit temporairement à semer ses poursuivants. Et comme attiré par un endroit familier, la personne en cavale se pointa devant la devanture. Elle toqua à la porte, se sentant piéger dans ces ruelles. En vérité, c'était Hyde. Avait il fait une nouvelle bêtise ? Son odorat l'avait prévenu que des personnes allaient bientôt se rapprocher de lui. Du sang perlait aux coins de ses lèvres. Il avait prit un coup. Il n'y avait pas de réponse venant du magasin. Qui allait lui ouvrir à cette heure-ci ? Pour accentuer, le tout, il devait donc dire quelque chose.

"S'il vous plait... J'ai besoin d'aide. Il y a quelqu'un?"

Toujours pas de réponse. il commençait à désespérer. D'ailleurs, il était sur le point de partir car le danger se rapprochait. Et avant de le faire, il prononça une dernière phrase :

"Ils veulent me tuer. Je vous en prie..."

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