“On fait ce qu'on peut avec l'alcool que l'on a dans le sang.” [Ft. Azelle]

A quelle idylle se devrait être que de se trouver sur un nuage au réveil, rêve de coton si doux contre la peau d'un corps si léger. Quelle Idylle se serait si l'alcool ingéré la veille n'avait pas tout fait virer en une désagréable sensation d'engourdissement, comme si on était soit même le coton et cela avant de gentiment vous transpercer le front d'une invisible barre de fer avant de vous marteler la tête avec la férocité d'un bricoleur du dimanche bien décidé, à l'instar de ces restes alcoolisé, à sortir les pauvres gens des bras de Morphée et de son monde onirique.

Légère inspiration, mélange d'odeurs étranges et inconnues. Elle n'ouvrit pas les yeux, plus car son être semblait vouloir violemment s'y opposer que parce qu'elle n'en avait pas envie. Elle analysa donc ces senteurs qui venaient lui chatouiller les narines pendant que l'orchestre qui habitait son crâne continuait d'y déverser son vacarme, l'empêchant de correctement réfléchir. La seule odeur qu'elle reconnu, fut la sienne. Cette odeur de souffre qu'elle aimait bien mais qu'elle savait extrêmement désagréable pour son entourage. La pièce dans laquelle elle se trouvait semblait aussi sentir l'alcool mais cela était sûrement du à un subterfuge de son esprit embrumé. Et une odeur délicate de fleur d'oranger lui fit plisser le nez, car si elle emplissait également l'espace, celle ci semblait avoir une plus forte concentration sur elle.

Elle ouvrit un oeil, puis le deuxième, doucement, le visage légèrement tendu par la douleur qui fusait dans son crâne, elle observa un instant la cascade blonde légèrement désordonnée qui passait sans discontinuer quelques traits sur un visage l'air calme et serein, assoupi, des oreilles pointues. La peau pâle. Le regard de la militaire du nord descendit jusqu'à ses épaules, là où le reste était convenablement caché par le drap qui les couvraient toutes les deux. Une sensation de chaleur contre son corps, elle battit légèrement des cils. Incapable de comprendre elle se contenta simplement de regarder, l'air légèrement absent et fasciné. Puis le trompettiste de l'orchestre décida qu'il était temps de se la jouer solo et envoya un tel signal à son cerveau que la drakarienne sursauta. Ses yeux scrutèrent la pièce autour d'elle. Où était elle exactement ? Et qui était cette femme qui dormait sur elle, à point fermé ?

Elle se demanda d'abord comment elle avait pu atterrir ici, ne pas porter de vêtements pour dormir était une habitude mais là, elle n'était pas seule et elle pu constater par ce contact contre sa propre peau que la belle dame semblait partager, cette habitude ou alors ce fut exceptionnel mais dans tous les cas, les faits étaient là. Elle se resta immobile sur la couche, reposant sa tête sur l'oreiller avant de remonter délicatement le drap sur elles de manière à les couvrir un peu mieux. L'air légèrement contrarié elle glissa son regard sur celle avec qui elle avait visiblement partagé sa nuit. La réveiller maintenant, n'était pas nécessaire en soit, aussi décida t'elle d'attendre patiemment que celle-ci ne daigne se réveiller. Et éventuellement pouvoir lui demander si elle avait plus de souvenir qu'elle de la précédente soirée, qui semblait avoir tourné à la beuverie sauvage bien de chez Fortsia.

Alors qu'elle attendait le réveil de sa comparse encore plongée dans les bras de Morphée, elle continua simplement de détailler son environnement comme elle le pouvait, la tête couché sur l'oreiller moelleux. Finalement elle finit par ouvrir les yeux et se redresser, légèrement à la manière d'une goule, cela étant sûrement dû à la quantité d'alcool qu'elles avaient ingéré la veille cela dit. Elle vit ses yeux diamants se faire rond, le temps de réaliser la situation dans laquelle elles se trouvaient. Sa bouche s'ouvrit et la Drakarienne comprit ce qui allait se passer cependant la gueule de bois ayant tué ses réflexes empêcha toute réaction et le cri que sa camarade de la nuit poussa avant de tomber du lit lui vrilla tant les tympans que l'esprit.

Aurora se redressa pour la regarder et vérifier qu'elle ne s'était pas fait mal en remontant légèrement le drap contre sa peau couverte de diverses traces de maquillage au niveau du buste de nouveau elle fixa l'elfe, une tête de zombie, les cheveux comme après une soirée de luttes infernales pour sauver sa vie, sa peau pâle maintenant cachée en partie par l'étoffe d'un vêtement et son visage rougit par sa gêne face à une telle situation. Dans d'autre circonstances elle n'aurait pu nier que même ainsi cette elfe réussissait à avoir un certain charme mais ici avec une barre dans la tête et un corps fait de lourd coton cette affirmation fut aussi éphémère que la plus petite seconde de la vie d'un être immortel. Ses questions étaient totalement légitime et quand bien même la militaire du nord ne se rappelait pas comment elle avait pu atterrir ici, elle se devait tout de même de lui répondre.

"Je me nomme Aurora Edvhaar. Premier Lieutenant de l'armée de Fortsia. Et je n'ai aucun souvenir de la manière dont je suis arrivée ici..."

Et c'était vrai son esprit était tant embrumé par les vapeurs de la boisson qu'elle n'avait plus aucun souvenir passé la porte de la taverne dans laquelle elle avait décidé de s'arrêter avec ses camarades. Peut-être en sauraient ils plus, il serait bon de leur demander lorsqu'elle rentrerait. Mais en attendant elle était ici avec une elfe quelque peu déboussolée les fesses sur le sol de sa chambre. Elle s'avança sur le bord du lit pour lui tendre la main.

"Je ne sais pas ce qui s'est passé. Mis à part le fait que la bière a sans doute coulé à flot. Ne restez pas par terre je vous en prie. Je m'en voudrais si vous veniez à attraper froid."

Ce ne fut qu'à moitié un échec puisque la blonde refusa son aide mais ne resta pas par terre pour autant. La dame dragon laissa donc retomber sa main sur la couche avant de s'asseoir au bord du lit échappant un léger soupir, sa tête tourna vaguement et elle ferma les yeux quelques secondes avant de les poser sur sa comparse en pagaille. Elle scruta sa peau de nouveau cherchant d'éventuelles traces qu'elle aurait pu lui faire sans le vouloir en effet il aurait été facile pour les muscles puissant d'Aurora de causer du tort à un corps si fin sans même le vouloir. Elle fut donc soulagé de ne relever ni hématomes, ni coupures qui auraient pu indiquer un changement d'apparence de sa part. Soulagée également de voir qu'elle n'avait pas l'air d'avoir souffert de son petit cocktail empoisonné.

"Au moins tout à l'air normal."

Pourquoi quelqu’un frappait-il encore sur sa tête avec un marteau? Son coeur battant dans sa poitrine lui montait jusqu’au cerveau. Pourquoi tapait-il si fort? Qu’avait-elle bien pu boire pour être autant maltraité? Sa peau de porcelaine semi-cachée par sa robe de chambre, alors que la femme qui décorait son lit semblait avoir subi le même sort qu’elle. Pourtant leur réaction était bien à l’opposé. Comment pouvait-elle être aussi à l’aise à exposer son corps à son regard?! Le sang d’Azelle ne fit qu’un tour quand elle vit que ce n’était pas son oreiller qui avait été taché de maquillage, mais bien le haut de la poitrine de la femme…

Que s’était-il donc passé? Elle avait marqué la peau de la femme avec son propre maquillage. Sur une peau telle que la sienne, il était impossible de le manquer, l’avait-elle remarqué? Combien de secondes avait-elle fixé cette poitrine généreuse? Beaucoup trop longtemps. Azelle, honteuse, détourna le regard avec un petit air coincé et crispé.

Son attention fut récupérée par la présentation de la femme. Avait-elle bien entendu? Premier lieutenant?! Sur tous les hommes ou femmes qui auraient pu finir dans son lit, l’elfe n’avait pas été de main morte. Ses yeux blancs se portèrent sur elle, ses jambes retombant de chaque côté d’elle alors que son fessier toucha le sol froid de son espace de vie.

Il faudra penser à laver le plancher. Posant finalement les mains devant elle, gardant le regard détourné. On pouvait lire sur son visage à quel point l’elfe était déconcertée, jamais, elle avait imaginé une femme dans son lit, alors une militaire du nord…

« Je suis Azelle Blanchefleur… Haute Elfe. Je vous confirme que je n’ai pas la moindre idée, comment vous êtes arrivés jusqu’ici. »

Elle eut envie d’aller vomir par la fenêtre et de revenir avec le plus grand calme. Prenant un grand respire, Azelle préféra finalement éviter et se concentrer à ne pas paraître encore plus mal, qu’elle avait l’air. Après tout, c’était une « invitée » de marque. Cela aurait dû la rassurer un peu. Quitte à choisir avec qui passer sa première nuit à vie, elle n’était pas tombée sur une naine… Oui, c’était raciste. Une humaine ce n’était pas si mal au fond, si sa mère l’entendait…

Sa vision périphérique fut ramenée de nouveau devant cette poitrine plantureuse, par la main tendue de la propriétaire de cettedite poitrine… Ayant un mouvement de recul et tentant de regarder partout ailleurs sauf sur la femme nue, Azelle n’avait pas besoin d’aide pour se relever, une part d’orgueil et une part de purisme remontèrent en elle. Prenant un petit air supérieur par réflexe, se relevant rapidement, exposant, par la même occasion, ses longues jambes au regard de sa complice impromptue de la nuit. Sa seule réflexion fut pour quelle raison, sa robe de chambre lui paraissait maintenant si courte. Probablement, elle n’avait jamais vu l’éventualité qu’on la voie si nue, si fragile.

« La bière…? »

Son esprit est toujours embrouillé et ne voyait pas comment elle aurait pu se laisser emporter par de l’alcool encore moins de la bière. C’était la ligne de départ, savoir comment tout ceci était arrivé. L’aurait-on fait boire à son insu? Cette femme l’aurait-elle fait boire? Comment serait-ce possible?

Soupirant, elle passa sa main dans son visage encore engourdi de la nuit et par le mal de tête qui semblait vouloir l’étouffer. Elle n’avait pas bu de bière, mais elle avait bu, cela ne faisait aucun doute. Azelle aurait préféré ne pas arriver à ce constat, mais elle n’avait pas tellement le choix.

Encore la main sur son visage, le mot « normal » vint la heurter de plein fouet. Sa main laissa lentement découvrir ses yeux. Un regard froid, glacial et presque meurtrier se posa sur la femme à la forte odeur. Elle se mit à bouillir et cela ne prit pas de temps à se faire voir.

« Normal? Il n’y a absolument rien de normal. Vous… vous êtes dans MON lit! Nous sommes nues et nous n’avons aucune idée comment cela est arrivé et vous trouvez cela normal?! Nous avons peut-être, non, je devrais dire totalement, une définition bien différente de la normalité! Pour moi la normalité c’est de me réveiller à l’aurore par le soleil fraîche comme une rose, avant de me préparer pour l’ouverture de ma boutique. Pour moi, présentement, il n’y a absolument rien de normal. Rien du tout »

Cette fois le rouge avait envahi son visage, mais ce n’était pas de la gêne, mais bien le caractère bien trempé de l’elfe qui avait décidé de se présenter comme elle savait si bien le faire.

La seule chose qui semblait retenir Azelle de faire dégager la femme de là était bien la nudité de celle-ci. Jeté une femme nue à la rue, même elle ne pouvait pas faire ça. Puis, elle ne pouvait pas la chasser maintenant, surtout sans savoir si elle avait « perdu » quelque chose de précieux pendant cette nuit de débauche.

Azelle tourna les talons d’un mouvement sec, sa robe de chambre volant un peu au vent pour en dévoiler légèrement y posant rapidement la main pour cacher de peur d’en avoir dévoilé sous le mouvement trop rapide. Elle remplit une bouilloire d’eau et la posa sur le feu.

« Voulez-vous du thé? »

Dit-il sur le même ton de colère que son dernier discours sec, empli de colère, mais avec politesse contrastante qui n’avait pas vraiment sa place avec son ton employer. Allumant le bois du poêle pour faire chauffer l’eau et probablement faire un petit truc à manger pour elle et à son invitée improviser.

La drakarienne regarda l'elfe se relever seule. Elle retira donc sa main et se reposa dans le lit comme il faut tout en continuant de la regarder. Une femme fière il n'y avait aucun doute à avoir à ce sujet. Ce trait de caractère chez les elfes était bien loin d'être une légende car le peu de représentants des oreilles pointues qu'elle avait rencontré possédaient cette poche d'orgueil sans pareil. Au moins celle-ci s'était présentée poliment sans en faire des tonnes, peut-être était-ce un effet secondaire du lendemain de caisse, elle n'en savait à vrai dire pas grand chose puisque c'était bien la première fois qu'elle buvait en compagnie d'une elfe.

La militaire hocha ensuite la tête, la bière, oui. Elle ne se souvenait pas avoir bu quoi que ce soit d'autre pour sa part, mais pour être aussi ignorante de ce qui s'était passé, soit elle avait vraiment abusé sur celle-ci, soit d'autres breuvages étaient entrés en lice sans qu'elle ne le sache.

"Hm, la bière. Enfin vu l'odeur il me semble que c'est ce dont j'ai le plus abusé."

Elle continua de la regarder sans trop savoir quoi faire dans un état aussi lamentable que celui de sa comparse. Presque inconsciemment elle l'observait des pieds à la tête, ces créatures faisaient partie de celles qui ne possèdent que très peu de défaut physique et celle qui se tenait devant elle en était un exemple à presque couper le souffle. Elle avait déjà rencontré de jolies femmes mais aucune ne pouvait prétendre aisément rivaliser avec une elfe.

Elle échappa un petit soupir cependant lorsque celle-ci s'énerva au sujet du fait qu'elle ai décrit la scène comme normale. Elle avait raison d'un côté elle n'aurait pas dû se retrouver dans son lit, encore moins déshabillée et avec l'elfe allongée sur elle. Cependant rien ne brûlait ou n'avait été malencontreusement détruit par la grande force de la femme du nord, donc pour elle tout était normal.

"Je comprends votre point de vue, mais en dehors de cela il ne semble rien s'être passé de spécial. C'est ce que je voulais dire."

Elle était toute rouge, plus de colère que de gêne aussi elle resta silencieuse, se contentant de simplement la regarder afin de ne pas attiser plus le brasier qui semblait brûler en elle au point de lui colorer le visage. Elle jeta ensuite un oeil sur le sol au pied du lit et entreprit de se pencher pour récupérer sa robe qui semblait intacte, elle la secoua légèrement avant d'entreprendre de l'enfiler. Elle haussa les sourcils alors que ses cheveux dépeignés sortaient du col, suivis de près par le reste de sa tête. Elle lui proposer du thé mais elle n'avait pas l'air d'avoir tant envie que cela de la servir.

"Je ne voudrais pas vous faire perdre votre temps, si vous tenez à le boire avec moi, j'accepterais."